Printemps sur notre terrain

Nous sommes de retour. De retour dans notre maison, de retour sur le terrain où tout a commencé. Et comme si la nature l’avait pressenti, le printemps a éclaté. Les premiers invités sont arrivés dans le gîte, la champignonnière a officiellement démarré, et le jardin… eh bien, il réclamait de l’attention.

Heureusement, nous n’étions pas seuls. Grâce à Workaway, deux jeunes filles adorables sont venues nous prêter main forte : une semaine entière à désherber, semer, ranger et surtout, à donner de l’amour au jardin. Et il en avait bien besoin. Le potager est à nouveau reconnaissable – les fraisiers sont en fleurs, les petits oignons grandissent paisiblement et les premières graines germent déjà. La serre aussi commence à se remplir de semis en petits pots.

Malgré tous les autres projets – les travaux qui continuent, la champignonnière qui tourne – l’objectif pour cet été est clair : créer l’abondance dans le jardin. Et cela commence maintenant, avec des semis à la pelle et beaucoup d’espoir. En plus des classiques du potager, nous essayons cette année quelques nouveautés. Cet hiver, j’ai acheté un sachet de graines de lentilles un peu sur un coup de tête. L’idée : être autonome en lentilles. La réalité : environ six mètres carrés pour produire un kilo. Si je pense à la quantité de lentilles que nous consommons chaque année, il nous faudrait un champ entier ! Cela deviendra donc plutôt un complément aux lentilles achetées.

J’ai aussi planté beaucoup de fèves après avoir lu qu’elles pouvaient remplacer les avocats dans la guacamole. Nous n’en mangeons plus depuis des années à cause de leur impact écologique, mais leur goût nous manque… Je suis donc curieuse de goûter cette version locale et responsable de notre sauce préférée.

Nous nous dirigeons vers notre troisième été sur ce terrain. Quand je regarde les photos du début, c’est impressionnant de voir combien tout a changé. Là où il n’y avait que de l’herbe, des arbres ont pris racine. Là où il y avait de la boue, le paillage nourrit maintenant des fleurs. Et tout continue de croître – dans le jardin, mais aussi en nous.

Le printemps ne se ressent pas seulement dans le potager. Partout sur le terrain, les plantes sortent doucement de leur sommeil hivernal. Malgré notre décision de ne pas planter grand-chose cet hiver à cause des travaux, nous avons finalement planté plus d’arbres que jamais. Sans plan précis, je l’avoue. Beaucoup ont été mis en terre à l’instinct, et le carnet de notes est resté fermé plus souvent qu’il n’aurait dû. Aujourd’hui, je découvre des jeunes plants un peu partout, sans savoir ce que c’est. Il faudra une tournée d’identification dès que les feuilles seront sorties.

Mais ce dont je me souviens bien, c’est de l’emplacement des asimines. Elles ont toutes deux survécu à l’hiver ! Peut-être que cette année, nous pourrons goûter ce fruit magique, croisement entre la banane et la mangue. J’ai hâte.

Et puis il y a bien sûr la champignonnière. Début mars, nous avons officiellement lancé notre production. Tout début est difficile, mais nous recevons énormément d’enthousiasme de la part des gens autour de nous. Moi-même, je suis surprise de la rapidité avec laquelle nous avons appris ces derniers mois – et ce n’est que le début. Nous commençons à expérimenter les techniques stériles, à produire notre propre mycélium, et à découvrir de nouvelles variétés.C’est comme si nous étions à un croisement où la connaissance, la curiosité et la nature se rencontrent. Parfois ça rate, parfois une réussite inattendue surgit – mais à chaque fois, on apprend. Et c’est ça qui rend l’aventure si passionnante.

Le printemps est là. Dehors, mais aussi en nous. Tout peut à nouveau pousser.