Se ressourcer après l’été
- unjardinvert

- 8 oct.
- 3 min de lecture

Après un été plus rempli et plus mouvementé que prévu, vient enfin le moment de reprendre notre souffle. Pendant des mois, nous avons partagé notre maison et notre quotidien avec la famille, les amis et les workawayers. Ce fut beau, vivant, riche en rencontres, mais maintenant que les jours raccourcissent et que le jardin s’endort doucement, nous sentons qu’il est bon aussi de nous recentrer sur nous-mêmes. Le silence après l’été bourdonne encore un peu, mais il est apaisant.
L’automne apporte de l’espace. Alors que l’été était tourné vers l’extérieur, les récoltes et le partage, la saison nous invite maintenant à nous tourner vers l’intérieur — au sens propre comme au figuré. Nous reprenons le temps d’écrire, de lire, de rêver et de planifier. Mais aussi de retrousser nos manches : gratter le papier peint, enduire les murs, et enfin avancer sur le salon que nous aimerions terminer cette année — si possible avant Noël. Pourtant, tout avance plus lentement que prévu. Les virus se succèdent, la fatigue s’installe, et notre énergie n’est plus celle de juillet. Alors nous essayons de suivre le rythme de la saison : plus lent, plus doux, avec davantage d’acceptation. Nous laissons tomber les délais, car ce n’est pas pour cela que nous sommes venus ici.
Le soleil d’automne fait de son mieux pour nous offrir encore un peu de chaleur. Lors de ces rares journées dorées, nous sortons autant que possible — pour tailler quelques branches, marcher, ou simplement profiter de la lumière. Cette lumière fait des merveilles : elle nous recharge et nous rappelle pourquoi nous avons choisi cette vie, en accord avec la nature, et non à contre-courant.
À l’intérieur, l’ambiance est douce et bien remplie. Le garde-manger déborde de provisions pour l’hiver, le congélateur est plein de fruits et de légumes à transformer. Deux tonneaux de vin fermentent lentement, et un grand « rumtopf » de fruits d’été macère dans le rhum, promesse de chaleur pour les jours froids. Pendant que les feuilles tombent dehors, à l’intérieur mûrit le fruit d’une saison généreuse.
Et puis, il y a les abeilles. Tout l’été, j’ai eu le sentiment de courir après les événements. Trop peu de temps, trop de chaleur, et une colonie vite irritable — la combinaison n’était pas idéale. Chaque fois que je m’approchais de la ruche, les abeilles passaient à l’attaque. À force, je les ai moins surveillées, et j’ai fini par perdre un peu le fil de ce qui se passait. La surprise fut donc grande lorsque j’ai découvert qu’une colonie entière s’était installée… sous le banc qui soutenait la ruche ! Une construction magnifique, presque artistique, mais impossible à maintenir pour l’hiver.
Avec l’aide de mon mentor apicole, nous avons réussi à déplacer la colonie dans une nouvelle ruche. Quelle respiration de pouvoir retravailler avec un essaim doux et calme ! Pendant que nous démontions patiemment leur nid et déplacions les rayons, elles restaient sereines. Pas une piqûre, pas de panique — juste un bourdonnement tranquille, comme si elles savaient que tout irait bien. Un peu plus tard, nous avons quand même jeté un œil à l’autre ruche, déjà bien établie. Là, l’accueil fut tout autre : une nuée protectrice, sur la défensive, prêtes à en découdre. Celles-là, je préfère les laisser tranquilles jusqu’au printemps.
Elles n’ont peut-être pas été les plus dociles cette année, mais leur travail fut admirable. Les rayons de miel sont lourds, dorés et brillants à la lumière — assez pour partager un peu de leur douceur. Et d’une certaine façon, c’est symbolique : malgré le chaos, les piqûres et les retards, il reste toujours quelque chose de sucré.

La nature nous rappelle sans cesse que tout n’est pas maîtrisable. Parfois, il faut lâcher prise, faire confiance, et simplement suivre le rythme des saisons. Cet automne ressemble à une profonde respiration après l’agitation — un temps pour se régénérer, apprendre et savourer doucement ce qui pousse, même quand rien ne se déroule comme prévu.




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